CONTENU DE LA CONFERENCE DONNEE PAR M. ABDELADIM LHAFI, COMMISSAIRE GENERAL DE LA COP22

Conférence animée par M. Abdeladim LHAFI à l'UPM

 Université Privée de Marrakech, vendredi 10 février 2017

Le Vendredi 10 février, l’Université Privée de Marrakech recevait Abdelâdim Lhafi, Commissaire de la COP22 dans le cadre d’une conférence sur le bilan de la COP22 et les actions à suivre sous la présidence marocaine.

 

Cette intervention de M. Lhafi s’inscrit dans la démarche environnementale de l’UPM. Cette démarche a été entamée il y a 12 années déjà, au moment de la construction du campus de l’UPM et consolidée cette année avec l’implication de l’université dans le réseau du Centre de Droit International du Développement Durable regroupant des universités prestigieuses d’Europe et d’Amérique du Nord. Ce réseau a pour objectif de  promouvoir l’éducation juridique relative à la durabilité des sociétés et la protection des écosystèmes en favorisant la compréhension, le développement et la mise en œuvre du droit international du développement durable. Notons que l’UPM dispense une formation d’ingénieurs spécialisés en Energies Renouvelables depuis 4 ans déjà et projette de réaliser des installations d’énergies renouvelables en collaboration avec l’Organisation Allemande GIZ.

 

Abordant la conférence en rappelant que la lutte contre le réchauffement climatique est un défi universel, Abdelâdim Lhafi a fait un point sur les chiffres de la COP22 en soulignant que cette édition Marocaine à dimension africaine fut, à l’unanimité, une réussite sur tous les plans : organisationnel, logistique et sécuritaire. Marrakech a ainsi reçu 44% plus de participants que la COP21. Parmi les 80 000 participants, 50 000 étaient issus de la société civile et composaient la zone verte de la COP.

Une réussite également au niveau des segments traités, du déroulement et du nombre des conférences et activités qui animaient la COP22.

Les « side events », événements parallèles organisés durant la COP22, furent au nombre de 750, sous le sceau de l’originalité avec notamment, 11 thèmes, 1 thème par jour, dont celui de l’eau et de la dégradation des sols, un autre sur les forêts et les océans.

Les débats ont amené à de nouvelles réflexions, et ce grâce à la participation de la société civile en zone verte. Selon M. Lhafi, il faudrait aller encore plus loin et, lors de la COP23, ne plus séparer les gouvernants de la société civile et réunir tout le monde dans une seule et même zone.

Selon le Commissaire de la COP22, le financement est la clé de tout projet pour réussir la transition de modèle de développement que les pays participants veulent mettre en place et ce, depuis l’accord de Paris.

L’objectif est d’atteindre une enveloppe budgétaire au profit des projets à hauteur de 100 milliards de dollars d’ici 2020. Depuis l’Accord de Kyoto, grande est la question du financement quant à la mobilisation et la flexibilité des fonds ainsi que les conditions d’éligibilité des projets auprès des bailleurs et fonds. A l’approche de la COP23 qui se tiendra à Bonn en Allemagne, il est question de remettre un livrable complet de la feuille de route fournie pendant la COP22 avec notamment, des financements privés et publics, mais également issus de la philanthropie et du mécénat pour enrichir la composition des fonds mobilisés, adopter et réaliser au mieux les projets de la feuille de route.

Le livrable permettra de donner une visibilité aux investisseurs quant aux cadres légaux avec des politiques fixées. Il s’agit notamment de la Banque Mondiale très impliquée dans la zone de l’Afrique du Nord. Cependant, l’importance du capital humain et des institutions joue également son rôle. Nous sommes dans un contexte de transition de modèle de développement dont les projets doivent obligatoirement être réalisables et éligibles auprès des investisseurs. L’Assemblée des Nations-Unies crée un véritable réseau pour lutter contre le changement climatique et, en termes de capital humain, veille à la formation du développement durable dans un sens d’adaptation.

L’occasion pour M. Lhafi de déclarer « qu’aujourd’hui, l’ensemble des projets visent à contenir la hausse moyenne de la température du globe nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, mais nous sommes à 3°C, autant dire qu’il reste beaucoup à faire ».

Devant les étudiants de l’UPM dont plus de 20% sont étrangers et notamment issus d’Afrique Subsaharienne Abdelâdim Lhafi a rappelé combien notre continent, l’Afrique, subit les conséquences des gaz à effets de serre. Ces conséquences et la prise de conscience qui en a résulté ont aujourd’hui amené à des initiatives importantes à l’échelle internationale.

Première initiative, AAA, Adaptation de l’Agriculture en Afrique. Pour exemple, au Maroc, la politique des barrages qui a vu le jour depuis les années 60 est le signe de la mobilisation des expertises autour de la problématique des ressources en eau. Expertise qui a permis d’atténuer les dégâts liés aux sécheresses et d’assurer un minimum de sécurité alimentaire.

Deuxième initiative, SSS, Security, Stability and Sustainability en Afrique. Initiative qui traite de la dégradation des sols qui impactent d’une manière désastreuse la sécurité alimentaire et contribue à la migration des peuples. Monsieur Lhafi cite ainsi l’exemple du Tchad qui a perdu 90% de ses ressources en eau ces dernières décennies avec malheureusement des conséquences sur la stabilité du pays.

Troisième initiative, la Muraille Verte, à Dakar au Sénégal qui a pour but de limiter la progression du désert du Sahara.

Quatrième initiative, lier les forêts méditerranéennes  et tropicales – principalement dans la région du Sahel. Ce projet de liaison de forêt privilégie les zones aquifères dont les avantages sont encore trop peu exploités.

Cinquième initiative, les projets soutenus par la Banque Mondiale dans le domaine des énergies renouvelables qui permettent à des projets éoliens et solaires de voir le jour.

L’ensemble de ces initiatives est réuni dans une coopération Sud-Sud, tel qu’il a été souligné dans le discours de S.M. le Roi Mohammed VI, « par les africains, pour les africains ».

Trois volets sont à développer pour comprendre la démarche de la COP22 et les projets qui en découlent.

Tout d’abord, la confrontation d’acteurs économiques qui évoluent ensemble et collaborent dans un même but, le changement de modèle de développement vers un développement durable. En effet, le protocole de Montréal traitait déjà de l’importance des gaz à effets de serre et leur impact sur la couche d’ozone. Mais récemment c’est l’Accord du Rwanda en parallèle de la COP21 qui a permis d’abaisser le taux d’émission de gaz à effets de serre de 0,5%. Cette baisse est un signal politique fort de la mobilisation des pays et des peuples pour agir.

Ensuite, le transfert de technologies pour réduire l’émission de gaz à effets de serre dans le domaine des transports. En effet, les transports aériens et maritimes dans leur globalité, représentent entre 20 et 30% des émissions totales.

Enfin, la notion de feuille de route élaborée en septembre dernier qui réunit 177 projets et idées à concrétiser à l’horizon 2030.

Ainsi, comment changer le développement sans toucher aux aspects socio-économiques, sans perturber l’équilibre économique actuel ? Selon Abdelâdim Lhafi, cela se tient aujourd’hui en une lecture attentive de la feuille de route établie et des investissements de taille.

Les disparités sociales invitent à la solidarité, car la résolution de la problématique du réchauffement climatique va de pair avec les droits humains et la survie. Le monde est en cours de recomposition entre les notions des gaz à effets de serre, gaz de schiste, fonte des glaces, convergence et accessibilité aux ressources en eau, le tout déjà traité lors de l’Accord de Paris, ratifié par de nombreux pays.

Si nous devons soulever le cas des Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump, l’Accord de Paris demeure et cela, même si les Etats-Unis font marche arrière sur l’Accord de Paris et décident de se retirer de l’action et de l’engagement préalablement pris.

Pour être reconnu, l’Accord de Paris devait être ratifié par 55 pays représentant 55% du montant des émissions de gaz à effets de serre. Ce sont aujourd’hui, plus de 100 pays qui ont ratifié l’Accord. Dans sa croissance, cet accord atteste bien plus qu’une signature étatique. Il s’agit d’un accord universel, intégratif et dynamique, contre l’exclusion, l’indifférence et la passivité. C’est une situation irréversible, nous ne disposons que d’une seule planète.

L’intervention de M. Lhafi fut suivie de plus d’une heure de questions / réponses avec les étudiants de l’UPM venus en masse assister à cette conférence de très haut niveau.

 

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